Investir dans la cryptomonnaie peut-il être bannit par les institutions bancaires ?
C‘est une histoire assez insolite à laquelle on a assisté en mai dernier. Le Crédit Agricole Atlantique Vendée a refusé d’autoriser son client, Arthur Chauvet, à réaliser un investissement en cryptomonnaie. Mais pourquoi une telle décision ? Une banque peut-elle décider unilatéralement de ce que vous faites avec votre argent ?
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Sommaire
La mésaventure d’Arthur Chauvet
En mai dernier, Arthur Chauvet, fervent défenseur des cryptomonnaies, et qui n’en était pas à son coup d’essai dans le domaine, décide d’investir dans la plateforme d’échanges de cryptomonnaies Kraken. Alors que les 15 000 euros sont bien débités de son compte, ils n’arrivent jamais sur son compte Kraken. Lorsque celui-ci s’en inquiète, sa banque lui répond ne pas vouloir donner suite à son ordre de virement.
Selon la banque, cette décision de bloquer le virement se fait dans l’intérêt du client, pour le protéger des risques inhérents à un tel investissement.
Pour Arthur Chauvet, la solution est très simple : il ouvre un compte dans une banque en ligne et effectue le virement sans problème !
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Les banques prises en étau
Mais pourquoi une telle interdiction ? Selon les dires de la banque en question, à quatre occasions, des clients mécontents se sont retournés contre leur banque après avoir perdu de l’argent suite à des investissements en cryptomonnaie ! Les clients malheureux reprochent en effet à la banque un défaut de conseil qui leur aurait couté très cher…
Les banques se retrouvent donc dans une situation bien particulière, entre autoriser leurs clients à faire ce que bon leur semble avec leur argent, et leur obligation de les conseiller correctement. En effet, de plus en plus de banques ont averti leurs clients sur les risques inhérents aux investissements en cryptomonnaie.
Et d’ailleurs, cela ne vient pas de nulle part, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) ainsi que l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) ne cessent de lancer des alertes sur les risques en ce qui concerne l’investissement dans les cryptomonnaies.
Bon à savoir :
Si investir en cryptomonnaie est tout à fait légal en France, les deux organismes tiennent tout de même une liste noire des institutions qui n’ont pas l’autorisation de proposer des investissements en monnaie virtuelle.
Quelle solution pour les banques ?
Il existe une solution que certaines banques appliquent déjà. Elles gardent leur devoir d’information concernant les risques de tels investissements. Si les clients prévenus souhaitent quand même investir dans ce secteur, alors ils devront signer une décharge signalant qu’ils ont été informés des risques et qu’ils ne se retourneront pas contre la banque dans le cas d’une perte conséquente.
De plus, si les investissements en cryptomonnaies sont autorisés, il ne s’agira pas de n’importe lesquels. Seuls les organismes labellisés par l’AMF pourront faire l’objet d’investissement.
Dans le cas où des personnes souhaiteraient investir dans des plateformes qui ne font pas l’objet d’un label de l’AMF, la situation sera la même que pour celle d’Arthur Chauvet, et les virements bancaires (voir le montant maximum) ne passeraient pas.
Vers une régulation des cryptomonnaies ?
Depuis le boom du bitcoin en 2017, nombreuses sont les personnes à vouloir à leur tour profiter de la poule aux œufs d’or. Cependant, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Le cours du bitcoin et de toutes les autres cryptomonnaies est on ne peut plus instable, et cet investissement représente un risque important, d’autant plus quand on n’est pas un professionnel des cryptomonnaies. C’est pour cela que de plus en plus de pays se penchent sur des régulations plus ou moins strictes.
Mais cela pose un certain problème : les cryptomonnaies reposent sur le principe de la décentralisation. Elles ont en effet été créées pour échapper à tout contrôle d’une autorité centralisée.
Cependant, la régulation ne pouvait pas être repoussée pour toujours. Et c’est particulièrement vrai pour ce qui est des produits financiers liés aux monnaies virtuelles. Les autorités compétentes sont bien évidemment responsables de la régulation de ce secteur au même titre qu’elles le sont des autres produits financiers. Seulement, c’est un secteur encore relativement nouveau et souvent mal compris.
Et la nouveauté de cette technologie la rend encore plus dangereuse en termes d’investissements. En effet, ces plateformes ne répondent pas aux standards des plateformes d’échanges boursières, les piratages n’étant pas vraiment rares…
C’est pour cela que de plus en plus de pays mettent en place des cadres juridiques de plus en plus précis et de plus en plus stricts afin de réguler le secteur des cryptomonnaies et ainsi garder un certain contrôle sur le domaine des monnaies virtuelles.
Le saviez-vous ?
L’Inde a été l’un des pays les plus stricts en la matière, en bannissant complètement tout usage de cryptomonnaie. Le Bitcoin et ses confrères sont désormais illégaux !
Qu’en est-il de la France ?
La raison pour laquelle les banques sont prises dans une sorte d’étau, c’est que la régulation française reste encore relativement floue sur le sujet.
Si l’investissement est encore tout à fait légal, les avertissements des autorités financières se multiplient pour les mettre en garde contre le secteur tout entier.
Ce serait aller très vite en besogne de considérer que la France va prendre le chemin de l’Inde. Pour le moment, la régulation en est encore à ses balbutiements. Il est donc fort difficile d’entrevoir ce que l’avenir réserve aux cryptomonnaies.
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